On étudie ici des adverbes épistémiques comme probablement et certainement, et des adverbes illocutifs comme franchement et sincèrement, dans leur utilisation comme modalisateurs de l’énoncé qui sert à avancer une thèse. Afin de spécifier leur fonction stratégique, on prend en considération non seulement leurs propriétés pragmatiques et syntaxiques, mais surtout le contexte argumentatif et la structure dialogique qui sous-tend le discours argumentatif. Ainsi, on fait appel à la notion de charge de la preuve, qui est intrinsèquement liée à l’acte d’avancer une thèse, et qui joue un rôle crucial à chaque étape d’une discussion argumentative. Afin d’expliciter les étapes qui jalonnent une discussion argumentative et les tâches associées à chacune de ces étapes, on adopte l’approche pragma-dialectique, qui propose d’analyser le discours argumentatif comme un dialogue entre le Proposant et l’Opposant d’une thèse, tous deux cherchant à résoudre un conflit d’opinions par la mise à l’épreuve de la thèse et des arguments avancés à son appui. Considérant que la charge de la preuve revient au Proposant et est assurée par lui, on propose de se servir de cette notion pour décrire l’effet stratégique poursuivi par le locuteur qui a qualifié sa thèse par un adverbe épistémique ou un adverbe illocutif. L’effet stratégique de la qualification de la thèse par un tel adverbe réside dans le fait qu’elle permet au Proposant de cadrer sa thèse en lui ajoutant un commentaire qu’il présente comme admis par l’Opposant et dont il peut se servir pour défendre avec succès sa thèse.